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L’équanimité — Un cœur aussi vaste que le monde


Il y a des métiers qui nous invitent à élargir le cœur.

Je pense qu' être sage-femme en fait partie.


Très vite, j’ai compris qu’il me faudrait un cœur assez grand — aussi vaste que le monde — pour accueillir ce qu’il contient : des récits de joie et de douleur, des débuts pleins de promesses et des fins silencieuses, des regards émerveillés et des larmes sans mot. Être au service de la naissance, c’est se tenir au seuil — là où la vie se transforme. C’est un lieu à la fois lumineux et fragile, où tout peut coexister : la puissance et la peur, la confiance et le doute, la lumière et l’ombre.

Pendant longtemps, j’ai cherché à comprendre comment rester présente, sans être emportée. Comment garder le cœur ouvert, sans me laisser submerger?

C’est sur ce chemin que j’ai rencontré la pratique de la pleine conscience.  


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L’équanimité : une sagesse du cœur

Dans les enseignements de la pleine conscience, on parle souvent d’équanimité. C’est un mot qui peut sembler un peu abstrait, mais qui, vécu de l’intérieur, est d’une simplicité bouleversante. L’équanimité, c’est la capacité à rester stable, ouverte et bienveillante, au milieu des tempêtes comme sous le ciel clair. Ce n’est pas l’indifférence, ni le détachement froid, mais une forme d’amour plus vaste — un amour qui ne se crispe pas, qui ne rejette rien. Thich Nhat Hanh, moine et enseignant vietnamien, disait : « L’équanimité, c’est l’amour sans attachement. C’est la liberté au cœur de l’amour. » Cette phrase m’accompagne souvent. Elle me rappelle que rester calme au milieu du chaos n’est pas une question de maîtrise, mais de présence.  Apprendre à tout accueillir Il est difficile d’accepter pleinement la douleur, surtout quand on craint qu’elle nous prive de la joie. Et pourtant, c’est souvent l’inverse qui se produit : plus on fuit la douleur, plus elle s’installe. Plus on s’ouvre à elle, plus elle se transforme. Dans la pleine conscience, on apprend à accueillir ce qui est, sans jugement, sans préférence. On s’entraîne à être là, avec ce qui se présente — joie ou peine, douceur ou tension — comme on accueillerait un invité dans notre maison. Quand je suis auprès d’une personne qui accouche, d’une autre qui pleure, ou d’une famille qui rit, je m’efforce d’être simplement là. Pas pour effacer, pas pour consoler à tout prix, mais pour accompagner avec un cœur stable et aimant. Cela demande de la pratique, bien sûr. Cela demande aussi de la tendresse envers soi-même. Parce que parfois, nous ne pouvons pas tout contenir — et c’est humain. Mais chaque fois que nous revenons au souffle, chaque fois que nous reconnaissons ce qui est présent, même juste pour un instant, nous renforçons cette capacité d’équanimité.  L’équanimité au cœur de la maternité La maternité, qu’on la vive ou qu’on l’accompagne, est une invitation permanente à l’équanimité. Les émotions y sont intenses, changeantes, parfois contradictoires. Il y a de la joie, de la peur, de la fatigue, de la gratitude, du doute. Tout cela fait partie du même tissage. Pratiquer la pleine conscience dans la maternité, c’est honorer la totalité de l’expérience. C’est reconnaître que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse, mais un espace de vérité. C’est permettre à chaque parent, à chaque enfant, à chaque naissance, d’être accueilli·e exactement tel·le qu’il ou elle est, sans attente ni jugement. Quand nous cultivons l’équanimité, nous devenons des espaces d’accueil. Nous offrons autour de nous — et en nous — la sécurité intérieure dont les autres ont besoin pour être pleinement eux-mêmes.  Un cœur vaste et vivant Peut-être que le monde a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de cette qualité d’écoute et de présence. Un cœur vaste ne se construit pas par la force, mais par la douceur. Il s’élargit chaque fois que nous disons : « Oui, ceci aussi appartient à la vie. » L’équanimité, ce n’est pas ne plus rien ressentir. C’est au contraire ressentir pleinement, tout en gardant le centre ouvert. C’est danser au milieu du chaos, sans perdre le rythme du souffle. Dans mon chemin de sage-femme, j’ai appris que la joie et la douleur ne s’excluent pas. Elles sont les deux battements d’un même cœur. Et c’est en les accueillant toutes les deux que nous devenons vraiment vivants.  En guise de souffle L’équanimité ne se décrète pas : elle se cultive. Souffle après souffle. Rencontre après rencontre. Naissance après naissance. Peut-être que le secret, finalement, réside là : dans cette confiance tranquille que rien n’a besoin d’être autre chose que ce qu’il est, et que, dans la présence, tout peut être traversé.

Alors, élargissons nos cœurs — jusqu’à ce qu’ils puissent contenir le monde tout entier.

 
 
 

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